[Cinéma] ABRAMS J.J (1966-)

Annotations

Mission : Impossible III (2006)

Star Trek (2009)

Super 8 (2011)

Star Trek Into Darkness (2013)

Star Wars : Épisode VII - Le Réveil de la Force (2015)


Mission : Impossible (2006)

Dans ce passage de la télévision au cinéma, Abrams utilise ses connaissances de showrunner pour les calquer dans les cahiers des charges de la saga Mission Impossible. Esthétique documentaire, caméra portée et ellipses régulières maintiennent le film dans un rythme soutenu. L'ouverture joue sur un flashfoward pour permettre au spectateur d'y voir un Ethan Hunt en position de faiblesse et des enjeux sentimentaux palpables qui planeront tout au long de l'œuvre. Malgré quelques séquences ringardes où l'acteur-star met en avant son image, le film ne tombe pas dans les erreurs envahissantes de son prédécesseur. Ce volet a le droit à ses scènes d'anthologies comme celle du Vatican et de son casse en collectif jouant sur le subterfuge du masque, la scène du pont réalisée comme un film de guerre ou encore le saut périlleux entre deux buildings à Shanghai jusqu'à ce final où Ethan est ressuscité par sa dulcinée transformée en femme-soldat. Une bonne dose d'action jouant avant tout sur une urgence permanente et vivifiante.


Star Trek (2009)

Si le reboot d’Abrams lui réussit autant, c’est grâce à un très bon savoir-faire de conteur. Son expérience télévisuelle lui fait instaurer un schéma classique, mais promptement efficace. En respectant le matériau préexistant, Star Trek est un film qui peut plaire à tout le monde, autant aux connaisseurs de la série qu’aux néophytes. Abrams s’amuse avec l’espace comme un terrain de jeu gigantesque dans une aventure intergalactique spectaculaire, peut-être qui manque un peu de fond faisant la fantaisie de la création originale, mais qui réussit à faire voyager. Les personnages sont plus ou moins détournés astucieusement dont l’opposition entre l’extravagance de Kirk et le calme de Spock qui forme un beau duo complémentaire. Toujours en mouvement, l’action est de mise et une belle chorégraphie des déplacements s’opère, toujours accompagnée par des lens flare qui évasent l’image jusqu’à son paroxysme, donnant un cachet rayonnant à la trajectoire des situations. Malgré la rapidité du récit qui impose des relations brèves, l'auteur arrive à donner un nouveau visage à cet univers difficile à réinventer.


Super 8 (2011)

Hérité du cinéma des années 1970-1980, Super 8 retranscrit merveilleusement bien l'esprit Amblin. Abrams, très sensible à la poésie candide propre à Spielberg offre un récit revigorant et une esthétique lumineuse. En revenant sans cesse sur l'origine, le cinéaste insiste avec un discours constamment métafictionnel. L'origine de sa passion pour le cinéma et les images (avec le parallèle du film que réalisent les enfants, la magnifique séquence du film de famille que contemplent le garçon et la jeune fille...), l'origine de la mythologie spielbergienne ou encore l'origine de l'enfance et de son initiation vers l'âge adulte. Travaillant la question du deuil et de l'absence, avant tout de façon intimiste avec la mort de la mère du héros et la relation entre le père et son fils, c'est aussi un deuil sur le cinéma des eighties, la période qui a forgé Abrams. Par ce final époustouflant, l'œuvre connecte à la fois l'acceptation du deuil de la mère, mais aussi de ce cinéma lié à l'enfance soumettant l'idée qu'il faut faire abstraction du passé pour se pencher vers l'avenir. Un symbolisme renforcé par le plan bouleversant du médaillon de la mère partant vers les étoiles. 


Star Trek Into Darkness (2013)

Grâce aux bases posées par le premier volet, les relations entre les personnages peuvent à présent mieux se concrétiser dans un récit qui se suit quasi en temps réel. Le film est imprégné par un florilège d’action conçu dans un parfait flux et une énergie juvénile qui ne confond pas rythme et vitesse. Plus sombre, le sujet du terrorisme apporte un parallèle avec notre monde, ce Londres futuriste donne des images actuelles propres au 11 septembre. La peur de la mort et celle de la perte règne sur l’ambiance à travers plusieurs exemples comme Uhura par rapport au stoïcisme de Spock, la peur de Kirk de perdre son équipage, l’invisibilité apparente de Khan, Spock qui ressent la mort avec Pike puis Kirk (et qui est à l'effigie de l'un des plus beaux plans que j'ai pu voir.), etc. Plongé dans un film de genre quasi-catastrophe, Abrams joue avec la gravitation, le changement d’espace et d’échelle dû à la destruction du vaisseau, les passages de niveaux dans l’urgence, la spontanéité d’un rythme effréné et une cohésion des couleurs et des effets spéciaux. Enfin, le cinéaste s'amuse parfaitement avec son mythe et à inverser le folklore du matériau de base pour donner naissance à un film lumineux et poignant.


Star Wars : Épisode VII - Le Réveil de la Force (2015)

En saisissant le gigantisme des vaisseaux de l'Empire abandonnées dans le désert de Jakku, Abrams met en métaphore le monument qu'il doit porter sur ses épaules. Rythmé avec un mouvement continue et dans l'urgence, Star Wars VII divertit promptement. Un certain plaisir s'en émane dans la réalisation de l'auteur comme en témoigne le travail esthétique qui vacille entre le high-tech et le vintage dans des décors chromés, brillants et sombres. Malheureusement, l'œuvre tombe dans une nostalgie constante en faisant trop référence à un Un nouvel espoir. Même arc narratif, même visages des planètes (seul le nom change.), même archétypes des personnages... Le réalisateur construit sur des bases floues et en oubli presque qu'il y avait un sixième épisode auparavant. Kylo Ren est peut-être le personnage le plus original, torturé entre le Bien et le Mal et essayant coûte que coûte de porter le poids de l'héritage laissé par Dark Vador, mettant ainsi en lumière le travail principal du cinéaste, celui d'interroger le legs et la mythologie d'une saga légendaire.


Écrire commentaire

Commentaires: 0