Annotations
The Town (2010)
Argo (2012)
The Town (2010)
Malgré les quelques figures archétypales des protagonistes et le récit bien trop sage pour pouvoir parvenir à être un grand film, Ben Affleck réalise un thriller de braquage efficace et solide. L’œuvre ne tombe jamais dans le spectaculaire et tente d’atteindre une forme de noirceur crédible dans la communauté du quartier de Charlestown à Boston. Le personnage principal incarné par le cinéaste lui-même définit l’homme tentant de fuir le milieu criminel dans lequel il est tombé à cause du déterminisme social que The Town décortique modérément notamment à travers une relation amoureuse de double jeu ou des seconds rôles qui construisent le passé houleux de Doug. C’est aussi sa manière d’insister sur l’amour vache entre le quartier, ses aficionados et le protagoniste qui teint ce film traitant autant de la pauvreté sociale d’un milieu, de moralité flottante entre gangsters et flics et d’hommage à une ville et ses habitants, qui appuie ce fatalisme. Le réalisateur tente d’unir tout ce qui fait vivre une population et son environnement, tout en restant dans un schéma bien connu où l’auteur-acteur démontre un savoir-faire compétent pour les scènes d’action et de suspense.
Argo (2012)
Comme à l’accoutumée dans ce genre de production, c’est le « d’après une histoire vraie » qui va faire mouche auprès du grand public, mais Affleck apporte bien plus que cela. Son film est une belle déclaration sur le pouvoir de la fiction et comment elle peut être utilisée positivement dans des situations de crise politique. De l’ouverture avec le storyboard en forme de comic book qui raconte l’avènement de la révolution iranienne à l’épilogue qui déploie un assemblage nostalgique de figurines propre à la science-fiction, c’est bien l’amour des histoires qui prime sur le métrage humble du cinéaste-acteur. Le faux film inventé pour exfiltrer des citoyens américains pris en otage en Iran est presque pris sous la forme d’un canular par le réalisateur, mais il n’en oublie pas d’instaurer un suspense haletant, un rythme soutenu instinctif et une mise en scène qui slalome dans un montage alterné sous pression. Argo tient une belle précision des détails qui séduit dans sa reconstitution vintage, son mélange d’images d’archives et télévisuels, son goût pour le déguisement, mais surtout dans l’alliance contrastée entre la fantaisie cocasse d’Hollywood et le sérieux du gouvernement américain.
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