[Cinéma] ANDERSON Wes (1969-)

Annotations

Bottle Rocket (1996)

Rushmore (1998)

La Famille Tenenbaum (2001)


Bottle Rocket (1996)

Après être revenu d’un séjour à l’hôpital psychiatrique, Anthony retrouve son ami Dignan, un gentil truand raté qui veut faire le casse de sa vie. Dès le début, le cinéaste établit un lien tendre et emphatique entre le spectateur et les personnages. D’un côté, Dignan, typique du looser wes andersonien réalisant des programmes précis, mais qui fait face à un échec constant. De l’autre, Anthony, totalement lunaire et ailleurs pris d’une envie de construire une vie adulte et mature. Ces magnifiques paumés longent les routes texanes entre un road movie à la sauce Badlands hispanophone et un feel-good movie de braquage où s’entremêle la beauté de l’amitié, de la fratrie et de l’amour. Nous sommes encore loin de la maîtrise formelle et plastique des futurs films d’Anderson, car Bottle Rocket est plus spontané même s’il y a ce goût pour le fantasque, un rythme musical, un découpage précis ou encore cette recherche harmonieuse de couleurs vives. C’est plus du côté de l’ambiance qu’il faut se pencher, entre la folie douce et absurde des situations ou la désillusion émotionnelle qui se transforme en espoir et en un optimisme impénétrable pour ces hommes-enfants écorchés de l’intérieur.

Rushmore (1998)

Anderson affine son style en prenant comme cadre celui d’un collège élitiste et suit la trajectoire d’un adolescent hyperactif passionné par son établissement scolaire. Son intelligence, sa soif de création et de curiosité contraste avec ses échecs scolaires permanents, donnant ce cachet si particulier aux personnages du cinéaste. Un être dans sa bulle, en décalage avec la réalité et qui cache des sentiments douloureux comme le deuil de sa mère. Il est à l’image de ce trio qu’il forme avec Herman, un quadragénaire dépressif en quête d’une renaissance ainsi que Rosemary, une institutrice endeuillée dont les deux mâles jaloux tombent amoureux. Un progrès fulgurant caractérise le film : un rythme millimétré et chapitré soigneusement, un montage limpide et musical très british, une multiplication d’informations enrichissant le cadre et une finesse d’écriture doucement drôle, cynique et émouvante. Max dans son petit théâtre fictif et littéral vit un récit d’apprentissage particulier qui implose d’émotions survoltées, mais aussi secrètes. Il se confronte à l’amour impossible, au renoncement et à de petites guerres amicales et touchantes, qui lui permettent tout simplement de grandir.

La Famille Tenenbaum (2001)

L'obsession d'Anderson pour le portrait de famille prend véritablement place dans ce cru de 2001. Une famille composée d’une fratrie de trois frères et sœurs usées par une précocité harassante. Trois génies abandonnés par leur père lors de l’enfance et qui après une longue introduction - pour laquelle s'affectionne l’auteur (présentation face caméra, texte et informations à l’écran, voix-off terne…) - tente de renouer les liens avec ses progénitures. Sous leurs airs inexpressifs se cache une profonde rancœur d’une enfance perdue, le retour de Royal amène toutes les blessures d’une famille, mais en même temps ce dernier avec son esprit de beau salaud suscite une réunion familiale touchante. Acceptation du deuil et souplesse avec ses enfants pour l’un, sentiments cachés qui explosent pour sa sœur adoptive pour l’autre, porte de secours d’une dépression pour la dernière, de même pour les rôles secondaires alliant conciliation avec l’amour ou combat contre la drogue. La Famille Tenenbaum est drôle et chaleureux, symétrique et coloré, musical et mélancolique... Bien des mots pour définir ce film décalé et émouvant à la mise en scène virtuose.


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