Annotations
La Guerre du feu (1981)
Notre-Dame brûle (2022)
La Guerre du feu (1981)
Avec La Guerre du feu, Annaud propose une vision fantaisiste de la préhistoire, tout en témoignant d’une reconstitution crédible, même si elle n’est pas fiable scientifiquement. Le cinéaste préfère toucher au romanesque imaginatif comme le démontre la picturalité de son imagerie qui veut sillonner entre l’âpreté métaphysique du début de 2001 et le gigantisme leanien. C’est une grande épopée et une fresque historique sur le monde primitif de notre humanité, mais aussi de nos émotions les plus fondamentales. En effet, cette quête de trouver le feu, objet de convoitise pour la survie de l’espèce des héros, est gouvernée par leur rapport à l’altérité (ils se confrontent à une autre espèce et à des zones géographiques méconnues) et à leurs sentiments. Leur voyage épique permet de ne plus être des esclaves de l’ignorance pour s’accaparer des connaissances et ils s'éloignent des rapports de domination animale à des rapports affectifs, notamment grâce à une femme qui donne la connaissance pour faire du feu et celle de la beauté de l’amour. Le film est donc une fable optimiste sur la condition humaine et sur la capacité de l’Homme à toujours progresser pour évoluer et aller toujours plus loin.
Notre-Dame brûle (2022)
Notre-Dame brûle contient des qualités indéniables, en premier lieu, les prouesses techniques qu'impose ce récent événement ayant marqué la France : l'incendie de la plus fameuse des cathédrales. Annaud retranscrit avec minutie la progression du feu qui s'empare peu à peu du bâtiment parisien. Le feu devient un personnage à part entière, elle est personnifiée pour davantage rendre les dégâts spectaculaires et intenses. Ensuite, l'immersion est totale, la panique globale de la société est énergique, l'atmosphère de l'espace est claustrophobe et anxiogène, et la matérialité du chaos et des décompositions est palpable. Mais les défauts sont nombreux, outre les interprétations embarrassantes, le film manque cruellement d'enjeux dramatiques. Tous les personnages sont résumés à leur fonction et leur métier, aucun tiraillement personnel n'est mis à profit et l'œuvre ne sait pas si elle doit être un film catastrophe épique, un hommage sous forme de docufiction ou une critique sociale. L'auteur aurait pu appuyer sur la dimension sacrée pour poser des dilemmes moraux poignants, mais au final, c'est une reconstitution impressionnante sans réelle essence, donnant le sentiment d'être une commande d'État ambitieuse.
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