[Cinéma] KORE-EDA Hirokazu (1962-)

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Les Bonnes Étoiles (2021)

L'Innocence (2023)


Les Bonnes Étoiles (2021)

De nouveau, Kore-eda propose une variation de son thème de prédilection : la chronique familiale et la maladresse de sa (re)composition ou de sa (re)construction. L’auteur délocalise son histoire en Corée du Sud pour sécréter une histoire autour du trafic d’un enfant abandonné que deux amis essayent de faire adopter. Lorsque la mère revient, par regret, pour le récupérer, s’entame alors un road-movie où chaque individualité va se voir substituer d’un rôle auquel il n’était pas destiné. Les Bonnes Étoiles a un effet très feel-good et chaleureux, mais du coup plus léger et moins radical que certaines œuvres précédentes, prenant les contours d’un mélodrame plus populaire. Pourtant, le film arrive à tisser des liens très touchants entre ses personnages imparfaits, solitaires, orphelins ou esquintés par la vie. L’auteur aborde l’initiation de la filiation et une suture à recoudre (le personnage de Song Kang-ho travaille dans le textile) pour des êtres en fuite et exclu qui se serrent les coudes pour se réfugier dans un cocon éphémère. Voyage délicat et confessionnel, mais aussi drôle et sentimental, variant entre le social, la comédie et le polar, le film reste très plaisant, malgré le surplace de son cinéaste.


L'Innocence (2023)

Le réalisateur japonais utilise le procédé de Rashomon, une narration fragmentée, pour raconter divers points de vue à travers différentes couches narratives revisitant une même série d’événements. Ce procédé permet de creuser ses questionnements habituels sur la famille et les interactions sociales, mais aussi l’œuvre questionne la cruauté cachée et niée par une société japonaise rigide, où il est difficile de dire la vérité sans craindre de sceller son destin.

Cependant, cette structure éparpille le noyau familial, en dénichant les secrets du récit. Ce dernier est inégal, certains segments n'étant pas nécessaires. L'écriture est surchargée et démonstrative : la première partie se concentre sur la mère de l’enfant qu’elle croit harcelé, la deuxième sur le point de vue du professeur incriminé, et la dernière sur les enfants. Finalement, la compréhension plus fine se fait dans la dernière partie, où l’auteur retrouve sa sensibilité à hauteur d’enfants.

Le film explore les élans, les contradictions, les apparences, et comment le regard des autres peut nous définir durant l'enfance, une période où tout se construit. À cet âge, on peut se croire monstrueux (comme l’indique le titre original du film) si l’on n’est pas comme les autres. En opposition aux codes sociaux inflexibles et violents de la société, (le garçon doit cacher qu’il est amoureux de son camarade, quitte à mentir, tandis que l'autre, moqué pour sa différence, est persécuté par ses camarades et par son père), ils créent alors une relation intime et secrète qui se transforme en fugue. Ensemble, ils trouvent et s’approprient leur propre territoire dans la nature, avec une discrétion empreinte d’empathie.

Malgré l’artificialité des deux premiers segments, le film s’efforce de maintenir du mystère dans une sorte de thriller au caractère noir et poisseux, contrastant avec la dernière partie, plus solaire et humaniste. Kore-eda exploite l’idée du monde impénétrable et opaque de l’enfance à travers le regard des parents et des adultes qui peinent à trouver la clé pour comprendre les enfants, donnant ainsi un peu plus de sens aux récits à trous que construit l'auteur.


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