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Les Révoltés du Bounty (1935)
Les Révoltés du Bounty (1935)
Classique du cinéma d'aventures américain, presque vingt ans avant l'adaptation avec Brando,
Frank Lloyd portait à l'écran ce célèbre récit d'une mutinerie propagée par un officier lassé de voir son équipage souffrir sous la tyrannie d'un capitaine inhumain, irresponsable et cruel.
Rythmé avec une limpidité efficace et un montage concis et elliptique, montrant suffisamment de scènes extérieures hors du studio pour se laisser emporter par le souffle de l'aventure, le film va
toujours à l'essentiel pour capter l'essence morale de son œuvre. La réalisation, très correcte, offre à chaque personnage un portrait égal, chacun ayant sa conception de l'ordre et de la
tolérance sur un navire.
Notamment, Fletcher, interprété par un Gable toujours aussi classe, est un pur héros romantique qui voit en Tahiti un havre de paix et une fuite possible, loin de la dictature disciplinaire de
Bligh, joué par un Laughton aux multiples facettes. Ce personnage, comme je l'ai indiqué, est impitoyable, mais bizarrement nuancé lorsqu'il se trouve sur la chaloupe après la mutinerie où, pour
une fois, il prend soin de ses hommes. Mais il reste un vengeur prêt à retourner au bout du monde pour voir les mutins pendus au bout d'une corde, lui donnant un aspect mesquin et rancunier.
L'alchimie contraire de ces deux personnages permet d'engager un affrontement psychologique piquant, certes manichéen, mais qui fonctionne vigoureusement bien.
Pour revenir sur la réalisation, le film ne déborde jamais et montre tout sans tomber dans l'excès. L'œuvre reste donc assez spectaculaire, rigoureuse et sobre, notamment par un montage
attractif, actif et dynamique lors des scènes de tension, mais qui sait se poser pour soit montrer la dureté des punitions infligées par Bligh, soit dévoiler le doux et idyllique paradis de
Tahiti. Lloyd évite la mièvrerie et l'exotisme bas-de-gamme en laissant paraître de simples morceaux qui permettent de comprendre les sentiments de cette romance entre occidentaux et autochtones,
comme cette courte surimpression d'une vague puis du vent qui apparaît lorsque les deux amants s'embrassent.
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