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Les Anges sauvages (1966)
Les Anges sauvages (1966)
En pleine métamorphose de la société américaine, profitant du changement d’un public rajeuni qui s’intéresse moins aux genres traditionnels, Corman réalise une œuvre en concordance avec l’explosion de la contre-culture. Comme l'ont fait des films tels que L’Équipée sauvage, La Fureur de vivre ou Scorpion Rising, le cinéaste filme une jeunesse en colère, provocatrice et débonnaire. Il s’inscrit dans un rouage fatal de cruauté, mais derrière cette rébellion anarchique se cachent en réalité le désespoir et le vide absolu de leur vie, qui n’a plus de destination claire. En cela, le film est précurseur d’Easy Rider (dans lequel on retrouve également Peter Fonda en biker déjà désabusé et mélancolique), dont l’utopie libertaire du début se transforme en gueule de bois cauchemardesque et désenchantée.
L’auteur rattache aussi son film à la tradition du western en montrant ces paysages traversés à moto, illustrant toute l’envie d’indépendance de ces cowboys de la contre-culture, avant d’en dévoiler toute la vulnérabilité et la tragédie de leurs comportements. Bien sûr, le film de Corman est plus limité, car plus stéréotypé, opportuniste, simpliste et plus complaisant dans sa violence et sa brutalité, comme le prouvent ces longues scènes de dépravation orgiaque.
Tout de même, le cinéaste a définitivement inscrit dans le marbre la figure du motard comme un être contestataire épris de liberté face à une société consommatrice, puritaine, hypocrite et vieillissante. Il aborde de façon frontale, sans filtre et sans jugement, la mythologie des Hell’s Angels, que ce soit dans leur énergie optimiste ou dans leurs pires travers.
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