[Cinéma] SIRK Douglas (1897-1987)

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La Ronde de l'aube (1957)


La Ronde de l'aube (1957)

La Ronde de l’aube se distingue des précédentes productions « flamboyantes » du cinéaste en utilisant le format Scope et le noir et blanc, contrairement à son style pictural habituel en couleur. Cette adaptation de Faulkner raconte la tragédie d’un journaliste alcoolique qui convoite la femme d’un aviateur. Vivant comme des bohémiens, ils participent à des exhibitions médiocres dans un cirque itinérant des années 30, une sorte de meeting d’acrobaties aériennes, pour gagner de l’argent.

 

Ce film au ton crépusculaire présente un triangle amoureux entre des personnages brisés, névrosés, incapables d’exprimer leur amour. À l’instar de « Écrire sur le vent », le trio d’acteurs reprend ses rôles. Stack joue le mâle impuissant et addict, Malone interprète la bombe féline qui déchaîne les passions malgré elle, et Hudson incarne le témoin étranger qui s’insère dans ce théâtre cruel de désirs humains. À cela s’ajoute le personnage de Jigg, le mécanicien de Schumann, qui convoite également la belle femme.

 

À fleur de peau, ces êtres désaxés évoluent dans un carnaval qui prend les contours d’une danse macabre et débauchée, comme en témoignent ces courses en avions, plus semblables à des ballets sexuellement morbides. L’œuvre se déroule pendant le Mardi-gras, ce qui explique le défilé de masques et de kermesses qui met en avant la violence, l’ivresse et le désastre des relations conflictuelles, sensuelles et amoureuses des personnages. Ils se brûlent les ailes, au sens littéral et figuré, en refusant de s’adapter à un bonheur normal, notamment à travers le personnage de Malone, un être mal-aimé, exhibé, vendu et finalement veuf.

 

Tout est trop trompeur et dérisoire pour ces êtres au bord de la rupture, dont l’idéal n’est qu’un fantasme, tout comme l’image qu’ils renvoient lors de leurs exhibitions aériennes. Ce film traite de l’amour désillusionné, de l’amour fantasmé, de l’amour que l’on réalise après avoir perdu l’être cher, mais aussi de l’indépendance d’une femme refusant de renoncer à son rêve de bonheur.


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