[Cinéma] SLUIZER George (1932-2014)

Annotations

L'homme qui voulait savoir (1988)


L'homme qui voulait savoir (1988)

Bien plus qu’un thriller au twist traumatisant et macabre, L’homme qui voulait savoir est un film de suspense perturbant qui invite à réfléchir sur le destin, le déterminisme et les rêves prémonitoires. À travers cette adaptation d’un roman racontant la quête obsessionnelle d’un homme dont la fiancée a été kidnappée sur une aire d’autoroute, et ne pouvant vivre dans l’incertitude de savoir ce qu’il lui est arrivé, le cinéaste construit son récit sous forme de boucles temporelles et de retours en arrière pour mieux comprendre les motivations, le processus opératoire et le dénouement du sort de la victime. La structure narrative alterne habilement entre les points de vue, une chronologie non-linéaire et un entrelacement d’évocations, de visions et de souvenirs.

Le film s’attache ainsi à entrecroiser deux portraits : celui d’un tueur en série capable de faire le bien comme le mal, possédant un esprit scientifique et chirurgical, et dont les motivations sordides découlent d’un pari métaphysique qu’il a fait avec lui-même : prouver qu’il peut commettre un acte monstrueux tout en menant une vie normale avec une belle famille, afin de questionner sa notion de libre arbitre et de prouver qu’il peut contrôler son propre destin face aux attentes de la société et de la morale. À cela s’oppose la fatalité déjà écrite du couple, qui voit dans le rêve du début raconté par la jeune femme un pressentiment décliné en plusieurs motifs visuels dans le film.

Les effets de dédoublement et de symétrie sont nombreux, tout comme les motifs circulaires et lumineux, renvoyant à l’œuf d’or du rêve, le tout pour souligner le sort commun, sans espoir et funeste des deux personnages qui se retrouvent enfermés à jamais dans l’obscurité d’un cercueil, tel cet œuf d’or dans lequel ils se voient enfermés en traversant l’espace pour toujours.

Le tueur en question agit comme un metteur en scène qui exerce un contrôle absolu sur l’intrigue et le destin de ses victimes ; il manipule le spectateur dans ses attentes, à l’instar du cinéaste qui révèle progressivement afin de créer une tension soutenue. L’angoisse croissante s’installe dans un réalisme trivial qui banalise le tueur en série (allant presque jusqu’à nous faire croire qu’il se lie d’amitié avec sa seconde victime avant de la piéger) et rend encore plus troublants ses actes et sa volonté de tout contrôler avec minutie.


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