[Cinéma] MARCHAL Olivier (1958-)

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36 quai des Orfèvres (2004)


36 quai des Orfèvres (2004)

Inspiré de l'affaire Dominique Loiseau, 36 quai des Orfèvres est un film ayant voulu remettre le genre du polar sur le devant de la scène hexagonale. Mission réussie, car le deuxième film d'Olivier Marchal a connu un succès retentissant dans la droite lignée du cinéma populaire français attaché à ce genre. Tout le style du cinéaste se retrouve présent avec cet attachement à décrire le milieu des flics, faire sentir le poids du passé à des policiers à bout de souffle, aux gueules épuisées et usées, mais virilement burnées, à multiplier les intrigues et les sous-intrigues, avec son esthétique énergique, millimétrée et nerveuse inspirée du cinéma américain, et la dimension fatalement noire qui décrit un milieu pourri par les ripoux, la jalousie, l'ambition négative, les confrontations hiérarchiques et la mort.

Ancien policier, Marchal a voulu rendre hommage aux policiers de terrain du 36, mais surtout à Dominique Loiseau, victime d'une injustice au sein même de la police. Mais point de naturalisme, car l'auteur a voulu réaliser une tragédie opératique ample mêlant l'héroïsme, la trahison, le courage, l'erreur humaine et l'action. Sorte de western urbain assumant ses archétypes et sublimant sa fiction, le film s'inscrit directement aussi dans le sillage de Michael Mann, notamment dans cette confrontation symbolique entre deux grandes figures qui se croisent mano a mano dans de longs dialogues pesants et des duels aux regards noirs, dans la pluralité des personnages dont le film accorde une importance à leur psychologie, mais aussi dans la dimension crépusculaire et mélancolique qui pose une ombre constante sur le visage des personnages et l'atmosphère urbainement nocturne du long-métrage.

Malheureusement, l’œuvre pêche par ses excès de zèle, notamment dans ses effets de montage kitsch et ses ralentis appuyés, ses flashbacks se sentant obligés de rappeler des événements antérieurs, son insistance musicale ou encore une narration trop elliptique qui hache la dramaturgie.


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