[Cinéma] TÉCHINÉ André (1943-)

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Hôtel des Amériques (1981)

Ma saison préférée (1993)

Quand on a 17 ans (2016)


Hôtel des Amériques (1981)

Téchiné traite avec Hôtel des Amériques des rencontres hasardeuses, de la mémoire, l'hésitation amoureuse, l'amour passionné, la fatalité, la solitude ou encore du deuil. Pour parfaire à tous ces thèmes propre à sa filmographie, il embrasse un cachet doux et mélancolique au romantisme tourmenté et l'applique à son duo, composé par Patrick Dewaere à fleur de peau et haïssant sa propre personne et Catherine Deneuve qui affronte les fantômes de son passé. La mise en scène accompagne l'ambiance d'un Biarritz avec son bord de mer ensoleillée, mais en réalité, la ville contient une aura vaporeuse qui épouse cette rencontre au futur déchirant. Il y a un fort contraste entre ce lieu idyllique et les pensées moroses des protagonistes. Tout comme la petite chambre anxiogène de Gilles qui le renferme dans sa tristesse et son anonymat contre la Salamandre, l'immense propriété d'Hélène (appartenant à son mari défunt) contenant ses innombrables souvenirs. Cet homme et cette femme, perdus avec leur réalité, doivent fouiller dans leur passé pour comprendre leur dérive du réel et se défaire de cette absence du monde. Ainsi, l'espoir d'un renouveau (dans leur vie et leurs sentiments) les réveille de leur sommeil affectif. Les personnages essaient d'exister à travers leurs fantasmes et doivent les préserver pour garder espoir. C'est pourquoi, la conclusion montre tout ce doute (vont-ils se retrouver ou non ?) et rend cette fin somptueuse.


Ma saison préférée (1993)

De la ville à la campagne, de la campagne à la ville, dans un Sud-Ouest solaire, Téchiné déploie sur les quatre saisons, une œuvre émouvante sur un frère, une sœur et le rapport avec leur mère, qui meurt graduellement. Le rythme fluide de la narration montre toute la pertinence transparente et la précision naturelle du cinéaste dans les dialogues, les attentions, les non dits, les visages et les situations à la fois étouffantes, violentes et douces. La limpidité de la narration découle comme une rivière mais une rivière composée de sensations brusques et inconfortables et également d'émotions vives. En témoignent les grandes scènes d'engueulades ou la façon que le réalisateur a d'accentuer les ellipses. Il filme le manque d'amour en chacun de ces êtres, mais aussi la relation fusionnelle entre ce frère et cette sœur, s'aimant et se détestant à la fois. Par leur biais, le cinéaste traite des sentiments qui peuvent devenir éprouvants avec les siens, ceux qui sont difficilement détachables. Mais aussi, le fait de remettre en question un lien fraternel (ce qui les unit et sépare) lors d'une situation compliquée (un futur deuil). Une relation d'abord présentée froidement quand ils se retrouvent puis ensuite passionnelle, presque incestueuse. Téchiné traite avec aisance et beaucoup de justesse du temps qui passe, de l'appréhension des changements ou encore d'un bonheur perdu. Finalement, l’œuvre est un sujet sur la mort et sur les interrogations existentielles qui peuvent surgir chez nous.


Quand on a 17 ans (2016)

Téchiné aborde avec une douce acuité l’ambiguïté sexuelle et plus précisément celle de l’homosexualité dans une étude portraitiste qui se lie avec une peinture du paysage et avec sa profondeur géographique. La variation des saisons et du temps progressent à l’effigie de cette rencontre entre deux adolescents qui derrière leur haine originelle et leur violent cercle vicieux, cache des intenses sentiments d’attirance. Le film séduit par son sens romanesque qui n’hésite pas à être rugueux et fougueux dans la relation des deux hommes et dans sa façon d’appréhender leur quotidien, notamment par un naturalisme qui dépeint leur psychologie à travers les espaces environnants. En concentrant sa ligne directrice sur ce territoire montagneux d’abord baigné par la neige hivernale puis le début enchanteur de l’été et un intime cercle de personnages, l’auteur maximise une mise en scène et un montage dépouillés qui captent souvent en gros plans les désirs inassouvis et la canalisation répulsive impossible à gérer des protagonistes. Un très bel objet sur les émois adolescents et les écorchures liées à cet âge, et enfin sur un amour se prolongeant malgré les épreuves de la vie.


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