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Dracula (1931)
Dracula (1931)
Le Dracula de Tod Browning se fait dans une épure des plus implacables et des plus sobres, malgré le vieillissement de quelques scènes et le manque d'impact dramaturgique. On le voit par la concision de l’œuvre, qui s'inspire davantage de l'adaptation théâtrale de Broadway, puis par sa façon d'imposer une immobilité et une suspension dans lesquelles est privilégié le climat d'angoisse plutôt que l'action. Tout le film est un jeu de suggestion où le surnaturel prend finalement peu de place au profit d'une opacité de son sujet. Le jeu, tout en lenteur et hypnotique, de Bela Lugosi met en évidence cette attraction, car, au milieu d'un monde insipide, son raffinement et son élégance rendent palpable le manque d'âme de la morne société londonienne. Le film a donc une aura à la fois grinçante et sinistre, appuyée par son naturalisme gothique (les grands décors monumentaux du château de Transylvanie et des catacombes de l’abbaye) et son côté grand-guignolesque. C'est évidemment le personnage de Dracula, avec son dandysme aristocratique, ses gestes fascinants, son hiératisme glacé et les lueurs de lumière filtrées sur ses yeux menaçants et cruels, qui porte l’œuvre dans toute sa prestance, faisant d'elle, officiellement, la naissance du terme « cinéma d'horreur » et des monstres Universal.
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