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Les Poings dans les poches (1965)
Les Poings dans les poches (1965)
Le premier long-métrage de Bellocchio fut un coup de tonnerre dans le cinéma italien*, car il épouse des thèmes délicats (matricide, fratricide, inceste) et
démembre sans concession des institutions fondamentales (l’Église, la patrie, la famille). À partir de son personnage d’adolescent en rupture et en plein mal-être autodestructeur, se traduisant
par une névrose morbide et une haine lucide, le cinéaste réalise un quasi huis clos tragique et étouffant. Il met en scène une sorte d’asile conflictuel dans lequel les personnages sont touchés
par des infirmités physiques et des vices congénitaux et où l’amour s’exprime par des pulsions exacerbées, des relations malsaines et des attitudes schizophrènes. Le thème de la folie est abordé
avec une acuité intense et une instabilité menaçante, et se traduit par des cadrages morcelés, des espaces resserrés, une caméra à fleur de peau et une violence blasphématoire. Seul le grand
frère sain, veut se modeler dans une vie plus saine, mais qui est aussi un enfermement : celle du conformisme et de l’hypocrisie bourgeoise. En plongeant dans l’intimité de cette famille,
l’auteur l’a fait exploser de l’intérieur, dans une étude clinique et implacable à la conscience tourmentée et une fermeté aux éclats opératiques.
*Un an auparavant sortait Prima della revoluzione de Bernardo Bertolucci, autre cinéaste (dans la même veine pasolinienne) qui sera avec Bellocchio,
considéré comme le chef de file de la nouvelle génération post-néoréalisme. Les deux auteurs annoncent dans un expressionnisme poétique les révoltes sociales et existentielles à venir et ce même
cri de rage aigu en rupture avec les traditions.
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