[Cinéma] BERRI Claude (1934-2009)

Annotations

Le Vieil Homme et l'Enfant (1967)

Uranus (1990)


Le Vieil Homme et l'Enfant (1967)

Le Vieil Homme et l’Enfant touche d’abord par son aspect autobiographique, car Claude Berri puise directement dans son enfance pour parler d’un enfant juif envoyé à la campagne chez ses grands-parents sous la France occupée, afin d’éviter d’être déporté. Ensuite, c’est par cette magnifique relation entre Claude, le petit enfant, et son Pépé, un vieux vétéran fidèle à Pétain, antisémite et convaincu par ses idéaux anti-gaullistes. Le film joue avec ce décalage entre le garçon devant cacher son identité et le vieil homme sortant ses préjugés les plus coriaces sur les juifs. D’abord effrayé, le garçon s’en amuse par la suite, au sein de ce havre de paix et de tendresse. L’esthétique renoirienne, avec son noir et blanc rustique, multiplie la beauté impressionniste de cette idyllique campagne où s’enchaînent des tableaux de vie à la fois brefs et vivants. L’affection partagée sans pathos entre les deux personnages évoque une authenticité fraîche et amusante de ces souvenirs, même si le film parle de la rudesse de l’enfance et des fractures politiques de l’époque. C’est une œuvre agréable au rythme souple et spontané, magnifiée par la présence d’un Michel Simon truculent dans sa grossièreté et sa douceur.


Uranus (1990)

Uranus est une chronique suivant le quotidien d'un petit village de province ruiné par les bombes de la Seconde Guerre mondiale. Loin d'être en pleine harmonie et en paix, les habitants sont tiraillés par leurs idéaux, entre les résilients n'ayant rien accompli pendant la guerre et préférant se taire, les communistes voulant imposer leur dogme, les collabos qui se planquent, les grandes gueules se découvrant une âme de poète ou encore les profiteurs bourgeois s'étant fait de l'argent grâce à la guerre. Claude Berri dirige une distribution impressionnante, pour mieux imposer une condition nuancée de l'humain : certains cherchent une définition cosmique du bonheur, s'adaptent en fonction des événements par instinct de conservation, mentent ou dénoncent, soulagent leur lâcheté passée en se rachetant ou encore meurent pour avoir dit trop de vérités. C'est pourquoi, sous une apparence bucolique renoirienne, le portrait de la France résistante est peu flatteur, voire cynique, mais le film garde un aspect solaire et pittoresque, des joyeux personnages ivrognes (incroyable Depardieu en ogre haut en couleur), contient des tirades explosives et prend les contours d'un truculent conte philosophique.


Écrire commentaire

Commentaires: 0