[Cinéma] Bonello Bertrand (1968-)

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Le Pornographe (2001)


Le Pornographe (2001)

Comment transmettre un legs cinématographique sans être prévisible ou répétitif ? C’est la question à laquelle tente de répondre Bonello à travers un vieux réalisateur de films pornographiques, un homme fatigué et à bout de course qui revoit apparaître son fils après un long silence. L’héritage cinématographique, c’est celui de la Nouvelle Vague. Le choix de Léaud n’est pas anodin : icône juvénile de la Nouvelle Vague, il est ici dans un corps lourd et sans désir, à l’instar des images artificielles qu’il enregistre et du monde urbain sans contact dans lequel il vit. Ce dernier filme des images sexuelles codées, qui dévoilent tout et vont à l’encontre de l’érotisme. Paradoxalement, c’est dans ses films que le briscard tente de trouver la beauté à l’état pur pour atteindre un idéal abstrait et un état de nature, afin de se confesser dans un Salut final. Cette dimension sacrée, proche de celle de Pasolini, donne un contraste entre le père et son fils : l’héritage s’inverse entre eux, car c’est bien le fils qui arrive à refonder une famille de son côté et à mettre ses idéaux à la poubelle, tandis que le père est dans l’inachèvement et meurt sans rien laisser. Cru mais plein de grâce, Le Pornographe est un beau film sur l’usure du temps et les images modernes.


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