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Lancelot du Lac (1974)
Lancelot du Lac (1974)
Chez Bresson, l’adaptation de l’éternel mythe arthurien est dépouillée de tout artifice iconographique propre à cette légende. Ni Excalibur, ni table ronde (ou alors elle est vide), ni Graal mythologique : Lancelot du Lac s’intéresse d’abord à la vérité pure d’un monde condamné d’avance. Le cinéaste refuse de sacraliser les célèbres figures héroïques, mais leur donne une force supplémentaire en les faisant vivre dans une puissante dichotomie d’images et de sons. Son extrême rigueur formelle multiplie l’impact des tintements infinis des armures, la répétition des hennissements des chevaux, la parfaite coordination des chevaliers qui s’équipent, ou encore le rythme fréquent des chutes lors des combats de joute. Les héros bien connus deviennent des objets esthétiques à travers lesquels Bresson atteint l’essence purement poétique des relations qui unissent Arthur, Gauvin, mais surtout Lancelot et Guenièvre. Tous les thèmes abordés (jalousie, rivalité, code de l’honneur chevaleresque, division, amour impossible…) sont donc traités de manière fragmentée et avec désenchantement, à l’image de ce monde anti-romanesque où les destins sont forcément tragiques.
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