[Cinéma] BROCA Philippe de (1933-2004)

Annotations

L'Homme de Rio (1964)

L'Africain (1984)


L'Homme de Rio (1964)

En s'inscrivant dans l'héritage des albums de Tintin, L'Homme de Rio laisse également un fort legs : d’Indiana Jones à OSS 117. Cet esprit d’aventure débridée suit la folie désinvolte et la course contre la montre drolatique d’un Belmondo qui tente de récupérer sa dulcinée au Brésil après s’être fait kidnapper à la suite d’une histoire mystérieuse de statuettes volées. Le rythme du film va à mille à l’heure et ce dernier est totalement mobile, dynamique et saisi par une soif de mouvement perpétuel. L'acteur montre ses talents de cascadeur et s’acharne à marcher, courir, escalader, nager, sauter, piloter et se bagarrer dans une aventure exotique et des espaces utilisés comme un terrain de jeu gigantesque comme l'aéroport d’Orly, les favelas, Copacabana, Brasilia et son architecture lunaire, la jungle amazonienne et même des lieux plus restreints comme un saloon portuaire avec sa mêlée générale jubilatoire. Ce total dépaysement opère un charme léger (mais tout en étant séduit par le progrès moderne, le film en montre ses inégalités et ses ravages) sous l’impulsivité d’un découpage et d’une mise en scène libres, propres à la Nouvelle Vague. Rejoint par une Françoise Dorléac audacieuse et fougueuse, Belmondo anime avec frénésie cette fuite hors du réel, sans temps morts et merveilleusement rocambolesque.


L'Africain (1983)

L’Afrique est le lieu idéal pour une aventure énergique et exotique propre au cinéma du cinéaste. Amoureux du continent, De Broca sait mettre en avant les paysages ensoleillés et enchanteurs du Kenya, des paysages qui invitent à la rêverie et surtout à la liberté. Victor, incarné par un Philippe Noiret grincheux mais généreux, représente cette notion même de liberté, avec son avion jaune et sa détermination à préserver l’environnement dans lequel il vit contre le gré de son ex-femme venue lui mettre des bâtons dans les roues. Il est l’avatar d’un De Broca qui s’intéresse aux questions environnementales : de l’exploitation mercantile via le tourisme au braconnage de défenses d’éléphant pour l’ivoire, L’Africain donne à voir un propos bienveillant dans une comédie légère et romantique. Romantique, car le film est avant tout une relation fusionnelle et pleine de cocasserie entre Philippe Noiret et Catherine Deneuve, deux personnalités aux forts caractères qui s’aiment et se détestent à la fois, un semblant proche de The African Queen de John Huston. Ainsi, L’Africain est une œuvre colorée et joyeuse, aérienne et mouvementée, vive dans son rythme et son découpage, même si elle perd de son souffle dans une dernière partie qui manque d’un gros climax.


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